Fédération de Haute-Saône du Parti socialiste

21.10.2024 – COP16 sur la biodiversité à Cali : passer des paroles aux actes

La 16e conférence de l’ONU sur la biodiversité s’ouvre aujourd’hui à Cali en Colombie. Présidée par Susana Muhamad, la ministre colombienne de l’Environnement, ce rendez-vous s’avère déterminant au moment où les données qui s’accumulent montrent un effondrement continu de la biodiversité.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a justement rappelé lors de la cérémonie protocolaire que « la destruction de la nature attise les conflits, la faim et les maladies, alimente la pauvreté, les inégalités et la crise climatique, et nuit au développement durable, aux emplois verts, au patrimoine culturel et au PIB ».

Cette première réunion de la communauté internationale depuis l’adoption en 2022 d’une feuille de route historique pour sauvegarder la nature – le « Cadre mondial pour la biodiversité » – doit permettre de passer des paroles aux actes. Aujourd’hui en effet, le compte n’y est pas. L’application de l’accord dit de Kunming-Montréal, qui porte des objectifs ambitieux d’ici 2030, n’avance pas assez vite pour stopper la destruction des terres, des océans et des espèces vivantes.

Pour les socialistes, quatre objectifs devront être poursuivis au cours des discussions de la COP16.

L’objectif prioritaire est de responsabiliser les États, les amener à ne pas en rester aux intentions mais à prendre des engagements concrets et mesurables. Au 16 octobre, seuls 29 pays sur 196 ont soumis une stratégie nationale pour la biodiversité reflétant leur part des efforts mondiaux et surtout seuls 91 d’entre-eux l’ont accompagné de « cibles nationales », c’est-à-dire d’une série d’engagements sur tout ou partie des objectifs.

Le deuxième objectif consiste stabiliser le mécanisme de suivi décidé par les pays au cours de la COP15 qui permettra de mesurer concrètement leur progression dans la réalisation des 23 objectifs du cadre mondial. Si celui-ci prévoit bien au moins 30 % des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d’ici 2030 seules 8,35 % des mers et 17,5 % des terres étaient considérées protégées selon le WWF.

Le troisième objectif tient au financement. Il s’agit d’abonder les fonds du plan-cadre mondial pour la biodiversité. Les pays développés se sont engagés à fournir 20 milliards de dollars par an pour la biodiversité d’ici 2025 et 30 milliards d’ici 2030. En 2022, 15,4 milliards ont été atteints selon l’OCDE. Mais il s’agit aussi de mobiliser d’autres sources de financement public et privé pour le mettre en œuvre dans son intégralité. En se rappelant que l’effondrement des services rendus par la nature (pollinisation, eau potable), entraînerait une perte annuelle de milliers de milliards de dollars pour l’économie mondiale, les plus pauvres étant les plus durement touchés.

Le quatrième objectif tient à ce que l’on appelle la biopiraterie qui consiste à exploiter des richesses de la biodiversité sans en partager les bénéfices avec les populations qui les ont préservées. Ce pillage doit cesser. « Ceux qui tirent profit de la nature doivent contribuer à sa protection et à sa restauration » comme l’a déclaré António Guterres.

La COP16 de Cali doit être celle des promesses tenues et des engagements pris. Sa réussite serait de bonne augure à moins d’un mois de la COP sur le climat qui se tiendra en Azerbaïdjan.

Nathalie Sarrabezolles, secrétaire nationale à l’Environnement et aux Biens communs

Bertrand Cavalerie, secrétaire national adjoint aux Biens communs