Lundi 28 octobre
Après des mois de retard, le gouvernement a enfin dévoilé la troisième version du très attendu plan d’adaptation au changement climatique (PNACC3), qui intègre les nouvelles prévisions de réchauffement, réévaluées de +2°C à +4°C. Cette réévaluation est essentielle car, les écosystèmes ne pouvant s’adapter à un tel réchauffement, les plans d’action doivent en tenir compte. Cette trajectoire anticipe par exemple la disparition des glaciers alpins situés en France et la multiplication par quatre du risque de sécheresse d’ici 2100 (par 3 dès l’horizon 2030). L’été caniculaire de 2022 sera donc considéré comme un “été froid” comme le rappelle le climatologue Christophe Cassou.
Autant dire que le plan gouvernemental, même s’il propose des mesures pour soutenir la population face aux conséquences actuelles du dérèglement climatique, ne se hisse pas, en n’y mettant pas les moyens, à hauteur des enjeux d’avenir, un avenir pourtant déjà si proche.
De nombreuses mesures sont intéressantes, tels l’incitation aux assureurs à maintenir des offres abordables sur tout le territoire, quand une partie de la France est déjà “inassurable” en raison de la recrudescence des risques climatiques ; l’abondement de 75 millions d’euros du fonds Barnier, qui permet l’indemnisation des victimes de catastrophes naturelles ; la cartographie détaillée des expositions aux risques naturels d’ici 2027 pour informer et protéger ; le déploiement d’études de vulnérabilité pour préparer des secteurs économiques (notamment les transports), des infrastructures d’importance stratégique (énergie, communication) et des services publics (santé, logement) au réchauffement climatique et aux phénomènes climatiques extrêmes ; les mesures de prévention renforcées dans les métiers les plus exposés aux fortes chaleurs, comme ceux de la construction et du bâtiment.
Les suites données aux expériences déjà menées par des collectivités territoriales, Régions, Départements notamment, le sont aussi : le PNACC prévoit ainsi la mise en place de projets pilotes dans les territoires, notamment en matière d’évaluation des risques d’inondation ou d’aménagements liés au retrait du trait de côte, accordant à ce titre une importance particulière aux territoires d’Outre-Mer, très vulnérables au dérèglement climatique. L’idée d’une plateforme de consultation en ligne qui doit s’ouvrir à partir du 25 octobre “pour une durée de deux mois” pour impliquer les citoyens dans l’adaptation du pays pourrait également être utile, si les contributions ne suivent pas le même chemin que les préconisations de la convention citoyenne pour le climat ou les cahiers de doléances de 2019.
Si le plan va globalement dans le bon sens, il passe sous silence de nombreuses questions essentielles. Pas d’avenir sans limitation du réchauffement climatique. Quentin Ghesquière, chargé de campagne inégalités climatiques à Oxfam France, a justement mis en garde le gouvernement sur le risque, pour ce troisième plan d’adaptation du changement climatique d’être “un énième objet de communication”.
Pour être crédible et utile à son objet, ce plan doit en effet être réellement financé. Les patchs placebo ne suffiront pas. De nombreuses études chiffrent en milliards les besoins d’investissement pour engager la transition écologique, limiter le réchauffement et adapter nos sociétés, en protégeant réellement la population, notamment les plus vulnérables. Or le Projet de loi de finance pour 2025, non seulement ne traduit pas cette ambition, mais prévoit des coupes claires dans le budget consacré à la transition écologique
Au Parti socialiste, nous alertons sur un PNACC3 qui s’apparente à un simple exercice de style, alors que la France accumule les retards en matière d’adaptation au changement climatique. Nous défendons, dans l’intérêt des Françaises et des Français, un plan ambitieux, transparent, évaluable et financé.
Nathalie Sarrabezolles, secrétaire nationale à l’Environnement et aux Biens communs
Bertrand Cavalerie, secrétaire national adjoint aux Biens communs