Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017, les années sombres pour l’École publique se suivent et se ressemblent.
Avec la suppression de 4 000 postes d’enseignants programmée par le gouvernement Barnier au Projet de loi de finances (PLF), ce ne sont pas moins de 10 000 postes qui ont d’ores et déjà été supprimés. Serait-ce donc cela la fameuse « priorité à l’école » vantée par le Chef de l’État ? On est en droit d’en douter. Sur ce plan, les années Macron renouent avec les suppressions de postes engagées sous Nicolas Sarkozy et qui avaient laissé l’école publique exsangue.
L’Éducation nationale détient même pour 2025 le triste record des suppressions de postes dans la fonction publique au point que, fait rarissime, l’ensemble des syndicats enseignants viennent de déposer une alerte sociale sur ce budget auprès de de la ministre Anne Genetet.
Cette suppression de 4000 postes vient aggraver le manque criant de personnels. Avec 3 155 emplois temps plein (ETP) supprimés dans le premier degré public, 181 ETP supprimés dans le second degré public et 660 ETP dans le premier degré privé sous contrat, les conditions de travail des enseignants et des élèves subissent une nouvelle dégradation.
L’invocation d’une baisse de la démographie scolaire pour justifier de ces suppressions constitue une nouvelle provocation pour la communauté éducative quand on sait que les enseignants français sont les moins bien payés des pays de l’OCDE, les moins formés, mais aussi avec des classes aux effectifs les plus chargés et des heures de service les plus élevées par rapport à nos voisins européens.
La baisse démographique ne doit pas être considérée comme une chance pour supprimer des postes mais comme une opportunité pour mieux apprendre à l’école en améliorant les remplacements, le départ en formation ainsi que la baisse des effectifs par classe – de 2000 à 2022, en moyenne, le nombre d’élèves par classe au collège est passé de 24 à 26 et de 27 à 30 en lycée. Mais le gouvernement Barnier fait un autre choix, il n’hésite pas à faire de l’école une variable d’ajustement pour boucler son budget.
L’annonce de la création de 2 000 postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) aurait pu nous réjouir. Mais sans aucune mesure d’amélioration sur les salaires, la formation et de leurs conditions de travail, il est fort à parier que ces postes demeurent vacants. Enfin ce gouvernement ne trompe personne quand, dans le même budget, le nombre d’ETP (180) pour les dispositifs ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) est revu à la baisse en comparaison des années précédentes.
Ce budget passe en revanche une nouvelle fois sous silence la question de la revalorisation des salaires des personnels et des enseignants – rappelons que ces derniers travaillent plus et gagnent moins que leurs collègues de l’OCDE. En amputant lourdement le fonds vert de 1,5 milliard d’euros, il met à mal aussi la question de l’adaptation des bâtiments scolaires au dérèglement climatique qui participe pourtant des conditions de travail pour réussir sa scolarité. Dans la droite ligne tracée depuis 2017, le gouvernement Barnier et sa nouvelle ministre de l’éducation poursuivent à marche forcée la dégradation du service public d’enseignement tout en imposant le principe du « faire mieux avec moins ».
A rebours de cette politique de régression éducative, les socialistes réaffirment l’urgente nécessité de replacer l’École de la République au cœur des priorités du budget de la Nation. Nous proposons ainsi : un plan pluriannuel de recrutements pour atteindre l’objectif de 19 élèves par classe ; la revalorisation des salaires et des carrières des enseignants et des personnels ; un plan d’investissement pour la réhabilitation des bâtiments scolaires au regard des enjeux climatiques ; le recrutement de médecins et d’infirmières pour faire de la Médecine scolaire un enjeu de ces prochaines années…
Ces mesures concrétisent notre investissement et notre confiance dans la jeunesse. Elles veulent garantir le droit à la réussite de tous les élèves, quels que soient leur milieu social, partout sur le territoire de la République.
Yannick Trigance, secrétaire national à l’École, au Collège et au Lycée